Des couleurs éthiques et solidaires
Je suis toujours à la recherche d'astuces pour réduire mes stocks de chutes de tissus. Vous vous souvenez? Je ne jette rien (ou très peu), si bien que je me retrouve vite débordée de petits morceaux de tissus, difficilement valorisables. J'ai réussi à évacuer pas mal de chutes avec mon projet de patchwork fou pour confectionner des housses de chaises, mais il m'en reste encore beaucoup!!!
Les années précédentes, j'avais confectionné des boules artichauts pour Noël ou juste pour la déco. C'est assez simple à réaliser, ça occupe les soirées devant la télé, c'est joli, ET ÇA CONSOMME DES CHUTES DE TISSU! Maintenant, j'ai une boîte remplie de boules artichauts, qui prennent plus de place que les chutes de tisssus, donc ça suffit. Ceci dit, je me suis demandée comment je pourrais utiliser ce principe de petit triangle plié. Et qu'est-ce que ça donnerait si, au lieu de les épingler en rond sur une boule, je les alignais sur un tissu???
Je voulais partir sur un camaïeu comme j'en avais l'habitude. Mais, avec la confection des coussins de chaises, pas mal de teintes avaient été complètement utilisées (tant mieux). Par contre, il me restait encore quelques chutes de tissus en grand nombre que j'ai vraiment du mal à écouler. Je me suis donc concentrée sur les chutes de chaîne rouge et de chaîne bleue (tissus à médaillons), ainsi que les chutes de damiers bleus et de damiers rouges (tissus à losanges).
Mon choix s'est porté sur ces coloris en raison de leur disponibilité, un choix que j'ai un peu regretté par la suite.
Anecdote : Les tissus en photos sont en fait des nappes que j'avais fait faire en Egypte à l'été 2016, avant de monter le projet de Couleurs du Nil. Je n'avais pas aimé les finitions et je les avais toutes retaillées et recousues plus proprement. Ca a été mon tout premier lot de produits en tissus égyptiens.
J'y suis allée très progressivement, ne sachant pas si c'était faisable, ni comment ça rendrait, je n'ai pas tout découpé d'un seul coup.
J'ai découpé quelques carrés pliés en triangles pour voir ce que ça donnait en les faisant se chevaucher sur 3 ou 4 rangées. L'important était qu'ils puissent se chevaucher suffisamment pour ne pas voir les coutures du haut, mais pas trop, pour que je n'ai pas besoin de mettre des milliers de petits triangles.
J'ai pas les photos, mais croyez moi sur parole, ça a marché. J'ai hésité dans le choix et la disposition des couleurs.
Evidemment, je me suis dis qu'il fallait prendre des photos, au fur et à mesure, pour le cas où ça fonctionnerait et que j'aurais envie de vous le montrer. Mais, quand on est pris dans une idée, sans trop savoir où on va, c'est un peu difficile d'y penser. J'ai donc un peu beaucoup oublié de faire des photos. Mais comme je suis un peu gentille, j'ai redécoupé deux carrés, juste pour vous montrer.
J'ai donc commencé par découper le tissu de base sur lequel j'allais fixer mes petits triangles (un vieux jean déchiré) et je lui rajouté dans le bas une pièce du cuir de chèvre qui me restait d'un précédent projet de sac à main. Le cuir servirait de fond de sac, inutile de faire reposer le sac sur des écailles qui ne se verraient pas (et qui se saliraient vite).
Et puis, c'est parti pour la découpe de petits carrés de différentes couleurs par dizaines.
Pour que mes triangles restent bien en place, j'en ai fait des guirlandes en les cousant à la machine. Des mètres de guirlandes à tout petit triangle.
Parce qu'il me restait aussi des petits bouts de cuir, je les ai invités à la fête. J'ai taillé des carrés de cuir de 5 cm sur 5 cm, puis, j'ai coupé les carrés en 4 sur les diagonales pour obtenir des triangles. J'ai aussi découpé directement des petits triangles quand les morceaux étaient trop petits pour découper des carrés complets.
La phase suivante fut longue, très longue. En tout, j'ai découpé plus de 600 carrés/triangles. J'en ai fait de longues, très longues guirlandes...
Les guirlandes, ça prend du temps, ça s'emmêle parfois, mais ce n'est pas grave. Si le démêlage est trop ardu, je coupe où ça s'est emmêlé. Ça m'a vraiment aidé à bien coudre mes lignes de petits triangles sur le fond en jean.
Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre le problème.
En cousant le haut du triangle sur une surface en tissu donc par définition molle, les mouvements auraient tôt fait de montrer les petits dessous de mes triangles. Et il faut avouer, c'est pas joli, joli.
La seule solution consistait à coudre un petit point caché à un peu moins de chaque pointe de triangle. 600 triangles. Ça a pris un peu de temps... Voilà une bonne occupation à faire devant la télé...
Non seulement, ils se soulèvent comme les autres écailles mais en plus, les pointes ont vite tendance à rebiquer. Impossible de faire un point caché et ça sera vraiment laid de faire ressortir un point de couture sur le cuir.
La discrétion me semblant un peu compromise dans ce cas de figure, j'ai opté pour une solution totalement inverse et bien voyante en rajoutant un perle (fixée avec du fil nylon).
J'aurai aussi pu faire un petit point au fil nylon et coller un strass sur le fil.
Voilà nos deux pans de sac terminés, il ne reste plus qu'à les coudre entre eux, faire la doublure, les anses et surtout cacher le haut des deux pans où les fils sont très visibles et confectionner les anses.
Au niveau du nombre de lignes, de régularité des lignes, les deux pans étaient plutôt homogènes. Par contre, j'avais un sacré décalage entre le début de la première rangée et le début de la dernière rangée.
J'ai calé face contre face mes deux pans et j'ai bâti en prenant comme repère la ligne de triangle la plus courte. Bâtir est nécessaire à cause de l'épaisseur des deux pans. Ça m'a permis également de délicatement retourner le sac pour m'assurer que tout était bien.
Je vous promets que j'ai réfléchi. J'avoue un petit peu que ça fait un moment que j'avais envie de poser un peu de dentelle sur un projet. L'avantage de la dentelle, c'était aussi de pouvoir bien coudre les anses (coincées entre la doublure et le jean) en les solidarisant solidement avec le tissu extérieur. J'ai pensé que la solution serait facile. Mais en fait non. La dentelle rebique, malgré des petits points de fixation au fil nylon. Je n'étais pas contente. Et sur mon groupe de couture, tout le monde a été unanime contre la dentelle. (par contre, ils ont bien aimé le sac, plus que que moi visiblement)
Galvanisée par l'enthousiasme des internautes, j'ai donc décidé de revoir ma copie en rajoutant une bordure qui ferait l'unanimité. Utiliser le cuir rouge était le plus évident, il constituait déjà le fond et les anses du sac. Problème, j'en n'avais pas assez pour faire tout le tour avec un seul morceau, ni même avec deux. Il ne me restait que des petits bouts. J'ai donc du improviser en rajoutant des triangles en quinconce. pour obtenir deux bandes de bonne longueur.
Je dois encore progresser sur la couture du cuir, surtout quand il y a des épaisseurs.
Conclusion : si je devais en refaire un, je choisirais un seul tissu, sans doute dans les marrons. Il est aussi possible de découper des triangles un peu plus grands.